Les souverains de l’ancienne Egypte ont voulu apprivoiser la mort. S’ils n’ont pas gagné l’éternité sur leur barque funéraire, ils ont traversé les siècles pour fasciner encore par leurs œuvres pérennes les hommes d’aujourd’hui. Paradoxe : la civilisation du Nil a fait reculer le désert et ce sont les sables qui ont conservé temples et statues enfouis. Il reste beaucoup de secrets à percer. En déchiffrant les hiéroglyphes, Champollion a ouvert la voie, mais l’ère des grandes découvertes est loin d’être achevée.
La partie émergée d’un empire enseveli
Les tombes géantes sont à l’image de l’Egypte d’il y a quarante siècles, dont même les monuments les plus visités gardent leur énigme. Ces célèbres pyramides sont implantées sur le plateau de Gizeh ; Kheops, Khephren et Mykerinus. La construction de Kheops dura vingt ans. A l’origine de 146 mètres de haut, elle a perdu 9 mètres par la détérioration de la plate-forme de son sommet. Des chercheurs, persuadés que des chambres restent à découvrir à l’intérieur, ont entrepris des sondages ; mais la controverse continue, comme le débat sur la symbolique de ces tombeaux.
L’ombre du grand roi occulte ses pairs
Devant le pylône de l’entrée du temple de Louqsor, sur la rive droite du Nil, Ramsès II veille à sa gloire. Dans tout l’empire, ce pharaon de la XIXe dynastie a magnifié son règne en multipliant les statues colossales le représentant et les cartouches gravant son nom dans la pierre, n’hésitent pas à faire de l’ombre à ses illustres devanciers comme Aménophis III et à s’approprier leurs temples.
Des sphinx sans tête sur la voie sacrée
Dans la Thèbes ancienne, une voie royale à deux dromos (allées triomphales) reliait le temple de Karnak au temps de Louqsor où avait lieu, chaque année, une procession en l’honneur du dieu Amon. Les sphinx de l’allée, en alignements latéraux, sont aujourd’hui acéphales. Ceux de l’allée de l’entrée principale sont à tête de bélier.
Un tombeau pour maison, une montagne pour balcon
A Thèbes-Ouest, sur la rive gauche du Nil, la montagne où le soleil bascule était vouée à devenir pour les pharaons le royaume des morts. Sur le plateau sommital, Champollion vint souvent méditer pendant son séjour de six mois. Au pied de ce versant, le temple de Deir el-Bahari, bâti par la reine Hatshepsout. Sur l’autre versant se trouve la Vallée des Rois où le premier égyptologue adopta comme logement la tombe de Ramsès IV.
Des temples sauvés des eaux du lac Nasser
Les piliers cariatides de la grande salle du temple de Ramsès II d’Abou Simbel gardent l’entrée du sanctuaire. Quand Champollion les visita, les pieds des statues n’étaient pas visibles, le sable les recouvrant. En plein désert de Nubie, le temple de Maharaqqa comme ceux d’Abou Simbel, a été déplacé et reconstruit hors d’atteinte des eaux grâce aux travaux conduits par l’Unesco.
Dans ce sarcophage intact, Toutankhamon
Un des grands moments de l’égyptologie : l’Anglais Howard Carter examina en 1922 le sarcophage du pharaon Toutankhamon qu’il venait d’ouvrir. C’était la première fois qu’on mettait au jour une tombe de roi intacte. Le masque funéraire en or serti de turquoises est exposé au musée du Caire. Mais une grande partie des objets exhumés dorment encore dans des réserves.