• LA VIE EN FLAMENCO

    LA VIE EN FLAMENCO

    Danse, chant, manière de ressentir la vie : le flamenco venu d’Espagne, et qui se produit sur scène souvent en France, ne se donne pas seulement en spectacle à travers des danseuses tourbillonnantes dans leur robe à volants. Ce « chant profond », né il y a plusieurs siècles de la douleur des gitans, exprime toutes les tragédies d’un peuple d’errants échoués en Andalousie.

    la vie en flamenco

    Profondeur des âmes masquée dans les frous-frous

    Pendant la feria de Séville, de jeunes ballerines échauffent leurs muscles avant d’aller danser dans un café. Dans les voiles légers des robes, dans le mouvement des bras et des jambes, la grâce pure comme le charme le plus violent tentent de restituer le deuil ou la passion amoureuse des gitans venus de l’Inde au XVe siècle.

    la vie en flamenco

    Passion gitane brûlée dans les ruelles andalouses

    Aux environs de Malaga, les villages chauffés par le soleil de l’après-midi peuvent soudain s’animer. Il suffit qu’un homme se mette à fredonner une « copla » transmise par un vieux connaisseur pour qu’une famille se rassemble autour de lui et qu’une mère, pour la seule joie de danser, esquisse quelques pas devant ses enfants.

    la vie en flamenco

     

    Repère des gens meurtris

    Dans l’Andalousie profonde, les trois mémoires que porte le flamenco se retrouvent ; la musulmane raffinée, la juive pathétique et la gitane rythmique, âmes de trois cultures combattues ou rejetées par la civilisation chrétienne et confondues en une seule ayant donné à l’Espagne un chant beau jusqu’à l’angoisse.

    On n’a jamais aussi mal et aussi bien chanté ou dansé en Andalousie que de nos jours. On sert presque toujours aux touristes un flamenco insipide et l’on retrouve, dans les lieux les plus imprévisibles, la pureté classique et l’invention de la fin du XIXe siècle. Surtout, le cante possède maintenant ses lettres de noblesse, qui en font un art musical achevé. 

    Le chant peut surgir n’importe où. Tout dépend du hasard que les Andalous appellent destin. Le cante se reconnaît au silence qui le précède et qui le suit. On en ressent le surgissement dans un frisson d’angoisse, dans le sentiment de panique qu’il laisse derrière lui. Mâme quand il s’agit d’un spectacle, le tablao reste une liturgie où n’officient que les initiés. Cela reste une affaire de « casta », de race, c’est-à-dire de sang. La passion de vivre exaltée dans le cante sourd d’un malheur immémorial. Le chant profond célèbre la ruine et la revanche d’une haute civilisation. Il dit le malheur des opprimés et des vaincus, leur désespoir et leur ténacité. Dans sa joie la plus débridée, l’ombre de la mort passe.

    la vie en flamenco 


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