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LES NOMS FASCINANTS DE BELGIQUE
NOTRE PAYS PORTE DES NOMS FASCINANTS
De Aaz (cours d’eau) à Zyklopensteine (pierres des cyclopes). Les noms de lieux incitent à visiter notre géographie et notre histoire. Ces noms viennent du gaulois, du latin, du germain, du néerlandais, du français …
Zyklopensteine
Le village de Familleureux, près de Seneffe, d’où vient ce nom ? Cela a-t-il à voir avec le bonheur ? Avec la famille ? Non, Familleureux vient du latin « famelicus reû », c’est-à-dire un défrichement famélique, donc endroit qui ne donne rien. Rien à voir avec la famille et le bonheur.
Rhodiens et Remoucastriens
Par exemple les Remoucastriens sont les habitants de Remouchamps, les Rhodiens les habitants de Le Roeulx. Les habitants de Boitsfort, Bosvoorde en néerlandais sont encore nurnommés bezemmoekers, fabricants de balais, parce que ce fut l’activité principale durant longtemps.
Quels sont les noms de lieux les plus anciens ? Quelques noms viennent du gaulois, Bièvre, Beveren et Bever en Flandre, le cours d’eau la Biesmelle viennent clairement du celte bebra, castor, car il y en avait énormément dans nos régions. Doux ou Baudour viennent du gaulois duron (fortifié). Les noms qui contiennent « dun », comme Verdun, viennent du gaulois dunum qui signifie hauteurs, colline. Les Romains nous ont laissé Temploux, Templeuve, qui viennent du temple. Cheratte vient de cataracta, donc chute d’eau. Quartes, près de Tournai, vient de quatrième (borne militaire). Charlemagne, né à Jupille ou Herstal ? Certains lieux ont un passé prestigieux. Herstal ou Jupille ? Il y a un débat éternel pour savoir si charlemagne est né à Herstal ou à Jupille. Les pépinides possédaient à l’époque la moitié de la Wallonie. Cette famille de Mérovingiens, dont sont issus Pépin d’Héristal, Pépin le Bref et Charles Martel, avaient deux palais avec pavillons de chasse, un à Herstal, l’autre à Jupille, de part et d’autre de la Meuse. En été, quand la Meuse était à son débit d’étiage, on pouvait passer à gué d’une rive à l’autre. On pense que Charlemagne est né soit d’un côté de la Meuse, soit de l’autre, selon la période de l’année qui a vu sa naissance. Herstal est donc un nom d’origine franque. Stal, c’est stalja, à la fois l’écurie et l’endroit où l’on entrepose les armes. Her, c’est harja, l’armée, Herstal, c’est l’écurie de l’armée ou l’établissement militaire.
D’où vient le mot « sart » ? La Belgique était couverte de forêts. Avec l’augmentation de la population, il a fallu défricher pour créer des champs. Un sart, un essart, c’est un endroit défriché. Cela a donné plusieurs Sart : près Neufchâteau, de Spa, de Bertrix, de Tournai, d’Enghien. Nous avons Sars-la-Buissière, Sart aux Pires (aux pierres), Sart d’Avril près de Fernelmont. Lodelinsart, près de Charleroi, c’est le sart du sieur Lodelin, qui a dû y créer une ferme fortifiée. La Belgique, terre de frontières La plupart des noms formés par « marche » viennent d’un lieu qui marquait une frontière, une limite (marka en germain) : Marche-en-Famenne, Marche-les-Dames, Marchienne-au-Pont. Les limites d’un territoire à un autre étaient signalées par des bornes qui pouvaient être des pierres taillées, des arbres remarquables comme de vieux chênes, voire des balais comme à Marchovelette, ou des anciens sanctuaires païens transformés en sanctuaires chrétiens où étaient parfois installés des ex-voto. Des lieux portent aussi des noms de nature Chênée, près de Liège, était un endroit planté de chênes, tels Cheneux, Chenoy, Chênemont. Les nombreux Fays et Fayt viennent du latin fagetum, c’est-à-dire hêtraie : Fays-Famenne, Fayt-lez-Manage, Fayt-le-Franc, Fléron, près de Verviers, et Freloux, près de Fexhe-le-Haut-Clocher, viennent du germain flethiz/flethar, les sureaux. Hestreux et Hestroumont viennent du germain haistr (taillis, fourrés). Les lieux comportant heid ou heyd viennent d’une étendue couverte de bruyère. Les noms issus de bruyère sont nombreux.
Bruxelles la flamande A Bruxelles, on trouve bien des curiosités Bruxelles est une ville flamande jusque dans les années 1830-1840. On y parle un patois thiois, un bas-néerlandais. Bruxelles se francise par la suite, avec l’installation des fonctionnaires et de la bourgeoisie francophones qui, pour s’élever dans la société, devaient parler français. Mais tous les noms de lieux de Bruxelles sont des noms flamands. Y compris ceux dont on trouve qu’ils ont une consonance française. Par exemple, l’étant Vivier d’Oie, près de Uccle, c’était Diesdelle. Il a été traduit abusivement en français à cause du brabançon die, dieken « canard, oie ». En fait, le nom Diesdelle signifie « vallée de la rivière sacrée » (du néerlandais delle et du celte div-ara). Rien à voir avec une réserve d’oies. Font-Roi, près de Uccle, est une mauvaise traduction du néerlandais Vronenrode, défrichement du seigneur, c’est-à-dire du duc de Brabant. Comment s’est faite cette francisation ? Les appellations francisées apparaissent dans les documents communaux et se généralisent. De pseudo-savants, consultés par les autorités, ont pris des décisions plus ou moins bien inspirées. Des fonctionnaires ont francisé les noms flamands dans les actes officiels. N’oublions pas que ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le néerlandais devient deuxième langue officielle. Ce n’est qu’en 1967 que la version en flamand de la Constitution devient officielle. Ce n’est pas sans raison que les Flamands se sont sentis « minorisés ». Et il y a les noms de cantons de l’Est En 1919, Malmédy et Waimes sont détachés de la Prusse pour être rattachés à la Belgique par le traité de Versailles. Mais ces régions étaient déjà francophones. Par contre, Eupen, Kelmis, Raeren étaient germanophones. La consultation démocratique pour entériner ces rattachements s’est faite ainsi : ceux qui étaient contre devaient venir s’inscrire à la commune sur un registre qui était gardé de part et d’autre par des militaires en armes.
Waimes
Les « pour » n’avaient pas à se déplacer. Il y a eu évidemment une majorité pour le rattachement à la Belgique.
Raeren
Tags : Belgique
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