Le lépidoptère, nom scientifique du papillon pour « ailes à écailles », a la particularité de se métamorphoser au cours de sa vie. Sa présence ou son absence en nos jardins et parcs nous fournit un indicateur de la qualité de notre environnement.
Quelle est la situation du papillon aujourd’hui ?
Chaque année, nous perdons une à deux espèces. Depuis les années 90, sur une centaine d’espèces répertoriées en Wallonie, une vingtaine ont disparu et cinquante sont en forte régression.
Le papillon a une biologie particulière. Le cuivré de la bistorte, le cuivré des marais et le damier de la succise ont chacun une seule plante nourricière. La chenille du damier se nourrit d’une fleur des prairies menacées par la fertilisation. Celle du Cuivré de la bistorte se régale d’une fleur qui pousse au fond des vallées ardennaises où le fauchage est devenu très difficile. Et celle du cuivré des marais apprécie une sorte d’oseille qui se développe en Gaume et qui est poussée dans ses derniers retranchements par la pression urbanistique. Le choix de ces espèces se justifie par leur effet parapluie.
En récréant des surfaces spécifiques sur 540 hectares pour ces papillons, en mettant en place la gestion future de leurs milieux et en reconnectant ces populations isolées entre elles, on protège aussi des communautés de plantes, de fleurs, d’insectes et un cortège d’autres espèces.
Certaines espèces souffrent-elles moins que d’autres ?
Tout à fait, celles qui peuvent s’alimenter de plusieurs plantes nourricières qu’on retrouve partout, comme les orties, les carottes …
La Côte d’Azur est envahie de sphinx. Comment cela s’explique-t-il ?
La belle de mai, comme le sphinx du laurier, sont des papillons migrateurs. En Afrique du Nord et en Espagne, le printemps a été plus pluvieux que d’habitude. Ils se sont reproduits en abondance avant de remonter toute l’Europe. Ils vivent entre un et deux mois. Le temps de se reproduire, la génération suivante redescendra. Même en pleine ville, en Belgique, il faut s’attendre à croiser des sphinx à tête de mort. Dans le Nord, nous assistons à l’arrivée de nouvelles espèces méridionales, plus thermophiles, de contrées plus chaudes.
C’est le réchauffement climatique qui permet ce rééquilibrage visuel.
le cuivré des marais