L’ALCOOL AU FEMININ : une maladie qui se soigne
Quand une femme sombre dans l’alcoolisme, c’est souvent en cachette. Pour sortir de cette dépendance, elle doit pourtant oser briser le tabou et en parler. Comment ?
Longtemps, l’alcoolisme a plutôt été associé aux hommes. Avec raison. Les troubles liés à une consommation excessive d’alcool restent d’ailleurs trois fois plus fréquents chez eux.
Mais les spécialistes constatent qu’ils ont augmenté chez les femmes au cours des vingt dernières années. De fait, leur vie souffre de stress intense, dû à l’obligation d’assurer sur les fronts professionnel, familial, social et privé. Plus de divorces, de familles monoparentales, une plus grande solitude cumulée à la charge de responsabilités familiales, une plus grande précarité. Certaines ne résistent pas et trouvent le moyen de tenir en consommant des médicaments ou de l’alcool.
Sur tous les fronts
L’alcoolisme des femmes est indicateur de la santé psychologique des femmes modernes et donc de notre société actuelle. S’il augmente, c’est que la gent féminine se porte mal et que la société va mal. En améliorant l’égalité au travail, en incitant au partage plus large des tâches ménagères, en luttant mieux contre la violence conjugale, en offrant plus de places disponibles dans les crèches, en allant vers une organisation du travail plus proche de celles des pays nordiques (avoir un enfant n’est pas synonyme de stagnation professionnelle) bref, en diminuant le niveau de stress et de difficultés que connaissent certaines femmes, le recours à cette « béquille » qu’est l’alcoolisme pourrait diminuer.
Briser le tabou
L’alcoolisme au féminin est encore entouré de bon nombre d’idées fausses qui rendent difficiles son dépistage et le traitement des patientes qui en souffrent.
Hommes et femmes ne sont pas égaux face à ce problème. La société porte un regard beaucoup plus dévalorisant sur la femme qui s’adonne à la boisson. Pour beaucoup, elle s’avilit dans l’alcool, y perd sa féminité, devient une moins que rien … Alors le jugement porté sur l’homme « qui tient bien l’alcool » est souvent plus tolérant. On lui pardonne ses excès plus facilement en le qualifiant de « bon vivant ».
Une femme qui a un problème d’alcool doit endurer le poids d’un jugement social sévère. Elle a donc tendance à se cacher, à boire seule chez elle. Elle en ressent de la honte et culpabilise. Et cela peut être très lourd de conséquences. Certaines femmes se replient sur elles-mêmes et n’osent en parler à personne, même à leur médecin. D’autres mettent du temps avant de se rendre compte que leur rapport à l’alcool est problématique. Quand elles en prennent conscience, elles n’ont pas forcément le courage d’en parler tant elles sont honteuses. Or, il s’agit d’une véritable maladie dont il faut s’affranchir pour espérer pouvoir en guérir le plus vite possible.